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>>LAMPE Alphonse, Ernest, Maurice.

Combattants volontaires en Espagne républicaine Né le 23 août 1900 à Roubaix (Nord) ; mort le 13 mai 1979 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; marié le 10 mai 1924 à Saint-Mandé (Seine) et le 13 janvier 1951 à Paris (XVe arr.) ; ajusteur-mécanicien ; secrétaire du comité intersyndical de Montreuil-sous-Bois vers 1932 ; secrétaire de la Région communiste Paris-Ville (1933-1936) ; élu membre de la commission de contrôle des finances du PCF en 1937 ; commissaire politique des Brigades internationales en Espagne ; déporté en Allemagne.

Maurice Lampe était fils d’un chef d’atelier en mécanique de Roubaix, décédé en 1925, et d’une mère ouvrière textile, puis ménagère avant de reprendre du travail dans le textile à Roubaix après la mort de son mari. Ce dernier était, avant 1914, un « guesdiste ardent » qui fut plusieurs fois arrêté pour sa participation aux grèves et manifestations. Après sa scolarité primaire il suivit des cours du soir en dessin-mécanique. Il acquit quelques connaissances en allemand. Il commença à travailler en usine en 1912. Il fit son service militaire comme matelot mécanicien breveté 2e classe. En 1919, jeune marin sur le Gueydon en rade d’Arkangelsk lors du blocus de la Russie, il fit partie des soldats qui refusèrent d’utiliser leurs armes contre les adolescents russes qui pillaient les provisions des troupes alliées. Les trois bateaux français présents hissèrent le drapeau rouge et refusèrent de tirer sur le sol russe. Les marins furent incarcérés à leur arrivée en France (cette action ne figure pas dans son autobiographie de 1933).

Après don service militaire, il travailla à la STCRP à l’Atelier dépôt des Lilas. Il épousa en 1924. Yvonne Bard, dont le père était poseur de voie pour diverses compagnies de chemins de fer et aussi à la STCRP avant de repartir, étant chômeur, dans sa Haute-Loire d’origine en 1933. Elle travailla en bureaux puis à l’usine Pathé de Vincennes jusque 1926. Elle adhéra au Parti communiste et fut trésorière de cellule et de rayon avant de cesser de militer pour raisons de santé.

De 1912 à 1932, Maurice Lampe ne cessa de travailler en usine, dans « 15 à 20 boîtes » pour un salaire horaire de 6,50 à 8,50. En 1922, il adhéra au Syndicat unitaire des métaux de Montreuil dont il devint secrétaire de la section locale puis devint membre en octobre 1924 du Parti communiste à la section de Saint-Mandé après une réunion de sympathisants. Mais cette section, sont le secrétaire était Georges Poursain (voir ce nom) était « composée essentiellement de petits-bourgeois » opposés à la transformation du parti sur la base des entreprises et elle ne fut dissoute que fin 1925. Lampe, secrétaire du « groupe de travail » participa à la campagne électorale du BOP aux municipales de cette localité en mai 1925, il ne fut pas élu. Il travaillait alors dans diverses entreprises du XIIe arr. (chez « Rose, bois et charbons ; « Express Etiquette » ; « Jantes Rigida » où la cellule dont il était secrétaire, comprenait 18 adhérents sur 400 employés, était très influente. La même année 1925, il fut secrétaire du comité de grève à l’usine Bonvoisin de Vincennes. Chômeur quelque temps en 1926, il milita dans des comités de chômeurs à Montreuil avec Le Morillon et Terrade (voir ces noms). Il était alors affecté à la cellule (rue) du Bas-Montreuil dont il était secrétaire. Il fut ensuite successivement secrétaire du sous-rayon de Montreuil de 1926 à mars 1932, membre du comité du 2e rayon de 1927 à 1931 et, en avril 1932, secrétaire permanent de ce 2e rayon. Il était alors rattaché à des cellules d’entreprises montreuilloises (Saunier-Duval puis Sebin) jusqu’au début 1933 date à laquelle il milita dans la cellule Citroën (Balard). Après la décentralisation, en décembre 1932, il fut nommé responsable de la région Est parisien où il fut chargé de l’Agit-Prop. et du travail municipal sous la direction du secrétaire régional Fernand Soupé (voir ce nom). Puis il fut désigné par le Comité central comme secrétaire permanent de la Région Paris-Ville, nomination confirmée après une conférence régionale par le comité régional. Il travaillait en coopération avec Georges Beaugrand.

Soucieux de sa formation, Maurice Lampe lisait les publication du PC et, moins régulièrement, la presse socialiste. Mais il éprouvait des difficultés à lire les classiques du marxisme. Par ailleurs, il remarquait dans son autobiographie du 27 juillet 1933 que « les dirigeants m’ont ignoré longtemps et ce n’est qu’à partir d’avril 1932, qu’étant permanent j’eus un contact plus étroit avec [eux] ». Cela s’éclaire peut-être par le jugement que portait la commission des cadres lors de son accession au secrétariat de Paris-Ville. Si l’on note ses bonnes connaissances du travail de masse à Montreuil et ses qualités d’initiative, on le juge « faible politiquement, n’ayant jamais fait d’étude sérieuse du marxisme ». Ayant pris acte des efforts pour se corriger de son sectarisme à la direction du 2e Rayon avec Marthe Potosniak (voir ce nom), susceptible de se développer, il n’est encore, juge-t-on, qu’un dirigeant moyen (souligné).

Syndiqué dès 1922 à la CGTU il fut aussi secrétaire de la section locale du syndicat des métaux et du Comité intersyndical de Montreuil. Il était rédacteur à La Voix de Bagnolet et il participa à tous les mouvements et manifestations : guerre du Maroc, 1er Août 1929, les 1er Mai, grèves de la Métallurgie. Mais son activité ne se limitait pas à l’action revendicative : la police signale sa prise de parole, le 15 mars 1930, au meeting organisé par le Secours rouge international et l’Union fraternelle des femmes contre la guerre, ainsi que son interpellation, puis son inculpation, en juin 1931, pour apposition d’affiches intitulées « Les défaitistes du 46e RI ». Son premier article dans les Cahiers du Bolchevisme parut le 1er septembre 1933 sous le titre « La lutte des ouvriers de chez Citroën et le travail du parti ». Par ailleurs il était membre du Syndicat des locataires de Montreuil dont il fut plusieurs années le secrétaire et de la Coopérative « L’avenir du Haut-Montreuil » ainsi que du SRI.

Comme secrétaire de Paris-Ville du PC, il participa à une entrevue avec la direction du Parti socialiste, le 14 juillet 1934. Il était toujours secrétaire lorsqu’il intervint au VIIIe congrès du PCF (Lyon-Villeurbanne, 22-25 janvier 1936). Le congrès suivant (Arles, 25-29 décembre 1937) l’élut à la commission de contrôle des finances.

Il était alors combattant en Espagne. Le 18 novembre 1936, il avait accompagné, au départ de la gare de Lyon, le train spécial qui emmena un millier de volontaires en Espagne républicaine. Lampe joua un rôle de premier plan à Albacete et fut même, de juin au 16 décembre 1937, le successeur d’André Marty et de François Billoux à la direction des Brigades internationales. Il partageait cette fonction avec l’Allemand Franz Dahlem. Pendant son séjour en Espagne, sa femme était permanente au secrétariat de la Région Paris-Ville.

Revenu en France en 1939, Lampe travailla chez Renault d’où il fut licencié le 23 octobre 1939 pour propagande communiste. Arrêté le 7 novembre 1941, il séjourna, semble-t-il, aux prisons de Fontevrault et Blois, puis fut déporté à Mauthausen (Allemagne) où il appartint au triangle de direction communiste avec Frédéric Ricol et Octave Rabaté. Rapatrié le 30 avril 1945, il reviendra à Saint-Mandé en 1945-1946, avant d’habiter Paris VIe. Laurent Casanova, ministre communiste des anciens combattants en 1946, le choisit comme directeur de cabinet. Il prit ensuite la direction de la Fédération des déportés. Selon Pierre Daix, il perdit brutalement cette responsabilité en 1950 (op. cit., p. 150).

J. Maitron et Cl. Pennetier

SOURCES : Arch. PPo. 100. — Arch. J. Maitron. — L’Humanité, 31 décembre 1937. — Les Cahiers du Bolchevisme, 1er septembre 1933. — Compte rendu du VIIIe congrès du PCF, Villeurbanne. — Pierre Daix, J’ai cru au matin, Robert Laffont, « Vécu », 1976. — J. Varin, Jeunes comme JC, op. cit. — Compte rendu de la Sixième conférence régionale Paris-Ville tenue les 27-28 novembre 1937, 16 p. — J. Delperrie de Bayac, Les Brigades internationales, op. cit., pp. 79, 322, 396. — Témoignages de Jean Chaintron et Jules Fourrier. — État civil de Roubaix. — Archives du Komintern, Moscou, CRCEDHC, 495 270 19 (autobiographie du 27 juillet 1933 et note de la Commission des Cadres).

ICONOGRAPHIE : Arch. André Marty (J. Maitron). — Sixième conférence, op. cit.


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